Les refuges de Vanoise s’organisent pour économiser l’eau

Il y a un an, à l’été 2022, de nombreux gardiens ont fait part à de nombreuses difficultés dues au tarissement de ressources en eau et aux baisses importantes de débit au cours de l‘été. Le refuge du Palet, manquant d’eau, avait d’ailleurs été obligé de fermer en pleine saison. Une première en Vanoise.

Car, pour rappel, un refuge n’est pas raccordé aux réseaux d’eau potable et ce sont grâce à une ou plusieurs sources d’approvisionnement liées aux aléas de la météo (eau de source, fonte des glaciers, lacs, récupération d’eau de pluie…) qu’il en est approvisionné.

Face à une ressource en eau de plus en plus fragilisée, le Parc national de la Vanoise a donc créé un plan de gestion de l’eau permettant de diminuer la pression exercée par l’activité du refuge sur la ressource en eau, laisser les refuges ouverts et gardés autant que possible et sensibiliser les visiteurs sur la préservation de cette ressource précieuse en altitude.

En fonction de l’état de la situation hydrique, les mesures de restrictions pourront aller d’un accès restreint du nombre de douches, à, en cas de crise, de la fermeture des lavabos, douches et toilettes à l’eau (les toilettes sèches resteront accessibles).

Si l'eau coule toujours en montagne, elle se fait de plus en plus rare. Photo Le DL/P.-Y.F.
Si l'eau coule toujours en montagne, elle se fait de plus en plus rare. Photo Le DL/P.-Y.F.

« L’abondance en eau, c’est fini »

La mise en œuvre du plan de gestion s’inscrit aussi dans « l’esprit Refuge », martelé par le PNV, sur leur site internet : « Le refuge est aussi le lieu d’expérimentation d’une certaine sobriété et d’une rusticité qui font de lui cet endroit si singulier. Rien n’est automatique, ni garanti à chaque instant, dans l’usage d’un bâtiment en site isolé d’altitude. » Des Niché à 2 300 mètres dans les hauteurs de Val-Cenis et se trouvant sur le GR 5, le refuge de l’Arpont, se situe sous le glacier du même nom. Bâtiment récemment rénové, même s’il peut ressembler à un hôtel d’altitude mais il reste bien un refuge comme le souligne Philippe Ragné, son nouveau gardien arrivé en début d’année, aux visiteurs : « Ici on dort en dortoir, on partage sa table, il n’y a ni réseau mobile, ni télévision, ni accès internet, peu d’électricité et de l’eau souvent froide ». Le ton est donné.

Complet tous les soirs entre mi-juillet et mi-août, Philipe Ragné a pu, grâce à ce plan de gestion préserver davantage la consommation d’eau du refuge : « On a, par exemple, mis des douches limitées à cinq minutes et enlevé tous les robinets poussoirs qui gâchent énormément d’eau, que l’on a remplacés par des mitigeurs. »

Mais, pour Philippe, c’est surtout le comportement des promeneurs de passage qu’il faut sensibiliser : « Il faut leur expliquer que l’abondance en eau, c’est fini. On a des contraintes environnementales très présentes. Ici, en dessous du glacier qui perd des mètres chaque année, on est aux premières loges du changement climatique et il peut y avoir un vrai décalage avec un public qui ne comprend pas pourquoi il doit attendre pour prendre sa douche car nous en avons « seulement » quatre pour 94 couchages. »

Au refge du Col de la Vanoise aussi, l'eau est un bien précieux. Photo Le DL/J.-B.V.
Au refge du Col de la Vanoise aussi, l'eau est un bien précieux. Photo Le DL/J.-B.V.

« J’aime leur rappeler qu’avoir une douche dans un refuge est un luxe, et non un dû »

Mariana et Frédéric, deux Franciliens qui traversent la Vanoise depuis quelques jours sont même étonnés qu’il y en ait, des douches : « On vient des Écrins, là-bas, les refuges n’en ont pas. On a donc pris l’habitude de se faire une toilette de chat avec un gant et une gourde ou d’utiliser des lingettes pour se laver. On trouve cela normal que les douches des refuges soient limitées en temps, cinq minutes, c’est déjà très long. »

Tous les soirs, le gardien, avec l’ensemble de son équipe, explique le fonctionnement du refuge et le bon comportement à voir : « On veut leur faire comprendre que chaque acte a des conséquences. J’aime leur rappeler qu’avoir une douche dans un refuge est un luxe, et non un dû. L’esprit refuge, c’est ça. Rester humble et avoir du respect envers l’environnement qui nous entoure. »

Le PNV a créé une page sur son site internet s’intitulant « En cas de sécheresse, gardez l’esprit refuge ». Un tableau y est régulièrement actualisé et permet de visualiser la situation des quinze refuges du parc.

2023 étant la première année de mise en place de ce plan de gestion de l’eau. Des ajustements seront apportés au fur et à mesure en fonction des retours qui seront faits en fin de saison, par les gardiens et les agents du parc national de la Vanoise.

De 20 et 80 litres par randonneur

La consommation d’un usager en demi-pension dans un refuge oscille entre 20 et 80 litres en fonction de la qualité des équipements, de la gestion de l’eau par les gardiens et bien sûr du comportement de l’usager sur place.

Quelques chiffres sur notre consommation d’eau... 25 litres, c’est une douche de trois minutes seulement ; 1 à 3 litres correspond à une toilette de chat (avec un gant par exemple) ; 5 litres pour préparer un repas (cuisine et vaisselle) ; 4 à 10 litres juste pour tirer la chasse d’eau.

Article issu du Dauphiné Libéré

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